Le climatoscepticisme remis en question par un enseignant de philosophie
Gilles Barroux, enseignant de philosophie, remet en cause l’assimilation du déni du réchauffement climatique au doute. Selon lui, il s’agit plutôt d’une forme de défiance et le terme de “climatoscepticisme” devrait être abandonné.
Publié le 19 novembre 2023 à 05h00 – Temps de lecture : 3 min.
Le terme “climatosceptique” revient régulièrement lors des conférences de la COP, suscitant des cris d’alarme de la part de différentes institutions telles que le GIEC et l’ONU. Cependant, ne serait-ce pas accorder trop d’importance à ces militants qui refusent les conclusions scientifiques en les qualifiant de “sceptiques” ?
Ce constat fait écho aux récents propos de M. David Chavalarias, mathématicien, rapportés par un article du journal “Le Monde” du jeudi 5 octobre. Il préfère le terme de “dénialistes” pour qualifier les climatosceptiques. Le terme “climatosceptique” aurait été popularisé dans les années 2010 et est défini par Le Petit Robert comme “une personne qui met en doute les théories les plus répandues concernant le réchauffement climatique”.
Cependant, remettre en doute peut exprimer une attitude intellectuelle sans préjugés. On peut douter parce que l’on attend des arguments plus convaincants, une clarification des thèses ou des hypothèses proposées. Le doute, loin d’exprimer une défiance systématique, engage à un examen rigoureux et à produire un jugement éclairé. Descartes, par exemple, posait comme règle première de toute démarche intellectuelle de “révoquer en doute tout ce qui n’est que vraisemblable”.
Le scepticisme, une tradition philosophique
Le scepticisme est un courant philosophique qui remonte à l’Antiquité. Des penseurs tels que Pyrrhon (IIIe siècle av. J.-C.) ou Sextus Empiricus (IIe siècle apr. J.-C.) ont contribué à cette tradition. Des philosophes reconnus pour la profondeur et la richesse de leurs contributions, comme Montaigne (XVIe siècle) ou Hume (XVIIIe siècle), se sont inspirés de ces sources.
Le doute n’est pas le soupçon
Le scepticisme ne consiste pas seulement à introduire le doute dans la pensée, ni à nier l’existence de la vérité. Il s’agit plutôt de juger que la vérité relève souvent d’une quête au-delà des capacités intellectuelles de l’homme, et que la prudence consiste à suspendre son jugement et à ne pas conclure à partir de ce que l’on ne sait pas réellement. Le sceptique prend au sérieux les fondements de la connaissance et cherche des méthodes pour élaborer un raisonnement fiable, évitant ainsi de se ridiculiser dans le déni de la réalité.
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1 comment
Il est important de remettre en question notre utilisation des termes et d’analyser le climatoscepticisme de manière objective et critique.