Isabelle Huppert partage ses secrets pour incarner un personnage devant la caméra
Ce samedi 11 novembre, dans l’amphithéâtre de la Cité de la Musique, l’actrice oscarisée Isabelle Huppert s’est prêtée à l’exercice de la masterclass. Devant les lecteurs de “Libération”, elle a répondu à une question cruciale : comment incarner un personnage devant la caméra ?
Pour célébrer ses 50 ans, “Libération” a organisé un festival à la Cité de la Musique le samedi 11 novembre. Au programme : des rencontres entre la rédaction et le public, des masterclass, des débats, des spectacles vivants et des concerts.
“Qu’est-ce qui vous permet de vous métamorphoser pour entrer dans les personnages ? Est-ce votre fluidité ?” Cette question, posée par le public dans un amphithéâtre bondé, a provoqué un éclat de rire général. Mais cette interrogation a inspiré Isabelle Huppert, que tant de lecteurs de “Libération” étaient venus voir ce samedi après-midi. “J’apprécie beaucoup ce compliment”, répond l’actrice avec un sourire. “C’est notre façon de nous déplacer, de bouger, qui crée notre personnage. Depuis nos chaussures.”
Incarner un personnage au cinéma ou au théâtre, c’est avant tout une question d’état. “Au cinéma, on joue une succession d’états, on ne joue pas un personnage”, explique Isabelle Huppert. Mais parler de personnage semble être un non-sens pour elle. “Jacques Doillon répétait sans cesse que l’idée de personnage n’existe pas”, confie-t-elle doucement. “Et j’aime bien cette idée. Les acteurs jouent d’abord des personnes, le personnage est un contour qu’il faut faire exploser.”
Exploser les carcans du cinéma
Le dernier réalisateur qui a dirigé Isabelle Huppert illustre parfaitement cette idée. “En 2023, on vous retrouve à nouveau dans l’œil de Hong Sang-soo”, précise Didier Péron, rédacteur en chef adjoint au service culture de “Libération”. “Ce réalisateur est connu pour faire exploser les contours.” L’actrice ne peut qu’acquiescer. Ce réalisateur sud-coréen fait éclater les carcans du cinéma jusqu’à son équipe.
“Sur le dernier film, nous étions trois”, confirme Isabelle Huppert. “Il n’y avait plus de chef-opérateur, Hong Sang-soo s’occupait lui-même de l’éclairage.” La salle éclate de rire. “La caméra est tellement petite qu’on ne la voit pas.” Deuxième éclat de rire. “Il n’y avait pas de scénario.” Troisième éclat de rire. “Et il n’y avait pas de preneur de son, juste une fille avec une perche.” Hilarité générale. Isabelle Huppert aurait pu révéler en exclusivité le titre du film à “Libération”, mais elle l’a oublié. Un scoop raté…
Mais cette liberté totale ne déplaît pas à l’artiste. “C’est vrai que Hong Sang-soo, tout comme Paul Verhoeven avec qui j’ai eu la chance de travailler, ne me donnait pas d’indications”, confie-t-elle. Une réponse qui surprend Didier Péron et Sandra Onana, les intervieweurs. “Mais le cinéma se passe d’explications. De mots. C’est un langage qui s’élabore sur l’instant. Ici et maintenant.” Le cinéma, c’est “la puissance du moment”.
La puissance du moment et les applaudissements assourdissants d’un public presque fanatique. Isabelle Huppert tente de s’éclipser avec une fluidité fraîchement acquise. Mais elle ne connaît pas son public : il ne partira pas sans une petite photo.
1 comment
J’ai hâte de découvrir les conseils d’Isabelle Huppert pour mieux jouer devant la caméra!