L’armée ukrainienne en quête de nouveaux soldats pour sa contre-offensive
La mobilisation des volontaires pour rejoindre l’armée ukrainienne s’est tarie au fil des mois, laissant les autorités à la recherche de moyens pour enrôler de nouveaux soldats. Certains individus utilisent des méthodes illégales pour échapper au front, ce qui pousse les autorités à les traquer.
Ivan*, un quadragénaire que nous avons rencontré dans un café de Kharkiv, est visiblement inquiet. “Je suis sûr à 99% que je vais bientôt être mobilisé”, confie-t-il. Comme de nombreux Ukrainiens, il redoute d’être appelé par l’armée. “Aujourd’hui, je vis en permanence dans l’angoisse de recevoir une convocation”, raconte-t-il, le visage émacié et timide.
Au début de la guerre, de nombreux volontaires se pressaient pour rejoindre le front. Mais désormais, ils se font rares devant les commissariats militaires. Alors que la contre-offensive lancée cet été peine à obtenir des résultats significatifs, l’armée ukrainienne doit parfois recruter des hommes inexpérimentés. Ivan, au chômage depuis des mois, n’a aucune expérience militaire. Cela ne le protège pas des recruteurs qui délivrent des convocations dans la rue. “Il y a deux jours, j’en ai aperçu dans la rue. Ils se déplacent toujours par trois, avec le même habit vert et un dossier dans la main. J’ai vite fait demi-tour”, confie-t-il. Par peur, il limite au maximum ses déplacements et ne sort jamais de chez lui “sans une bonne raison”.
La loi martiale interdit aux hommes âgés de 18 à 60 ans de quitter le territoire, sauf exceptions. Pour tenter de fuir l’Ukraine, Ivan a donc eu recours à des moyens illégaux. L’an dernier, il a dépensé 2 000 euros pour acheter de faux documents en ligne, censés l’exempter de ses obligations militaires. Il montre le document sur la table. À la ligne 13, le certificat préconise un “traitement hospitalier et des séjours thermaux deux à trois fois par an” pour un prétendu asthme bronchique. Son interlocuteur anonyme, aujourd’hui injoignable, lui a ensuite réclamé 700 euros supplémentaires, invoquant des évolutions de la loi. Ivan n’est pas tombé dans le piège. Pour ce bout de papier inutilisable, il risque aujourd’hui jusqu’à deux ans de prison.
Ivan n’est pas le seul à vivre dans la crainte d’être arrêté. À Kharkiv, un canal Telegram suivi par 116 000 personnes permet de signaler la présence de commissaires militaires dans les lieux publics. “Métro Barabashova, cinq hommes verts ont lancé le cauchemar matinal”, “Studencheskaya, près de la sortie de l’Académie, ils se reposent sur un banc”… Un véritable jeu du chat et de la souris. Franceinfo a tenté plusieurs fois de se rendre aux positions indiquées, en vain. Les policiers, eux aussi, surveillent attentivement les messages pour adapter les patrouilles. Ces outils sont pris très au sérieux par les autorités. En juin dernier, à Kiev, le créateur d’une chaîne Telegram de ce type a été condamné à cinq ans de prison.
Mais l’Ukraine doit également faire face à un autre défi, plus systémique : la corruption au sein de ses institutions. Mi-août, le président Volodymyr Zelensky a limogé les chefs de tous les centres régionaux de recrutement. Des inspections ont également été lancées dans toutes les commissions médicales militaires du pays, afin de vérifier les motifs d’exemption prononcés depuis le début de la guerre. Les affaires de pots-de-vin touchent toutes les commissions sans exception.
La corruption autour des certificats médicaux de complaisance en Ukraine
Des médecins arrêtés pour délivrance de certificats de complaisance
La corruption en Ukraine atteint des niveaux alarmants, notamment dans le domaine des certificats médicaux de complaisance. Récemment, trois médecins de Kharkiv ont été arrêtés pour avoir délivré ces certificats en échange d’une rémunération.
Selon Igor Chub, chef de cabinet du procureur régional, les certificats médicaux mentionnant de prétendus problèmes de santé sont devenus le moyen le plus répandu pour échapper à la mobilisation. Les autorités ont ouvert 350 enquêtes depuis le début de la guerre, dont 103 ont été classées sans suite et 66 feront l’objet d’un procès.
La difficulté de prouver les échanges d’argent
Prouver l’utilisation de certificats de complaisance est relativement simple, explique Igor Chub. En revanche, prouver qu’il y a eu échange d’argent est beaucoup plus compliqué. Il est nécessaire de collecter des preuves matérielles telles qu’une vidéo ou un message audio, mais ces transactions se déroulent généralement de manière très discrète.
Des sommes exorbitantes pour obtenir ces certificats
Depuis le début de la guerre, le prix des certificats de complaisance a considérablement augmenté. Selon certaines sources, il peut atteindre plus de 10 000 euros, une somme énorme dans un pays où le salaire moyen est d’environ 385 euros. Un responsable ukrainien, sous couvert d’anonymat, estime qu’il faut actuellement débourser en moyenne 5 000 dollars pour obtenir une exemption médicale via un intermédiaire. Pour de nombreuses personnes, le choix est simple : partir ou se faire tuer.
La difficulté d’estimer le nombre de réfractaires
Les autorités ukrainiennes ne disposent d’aucune estimation précise du nombre de personnes cherchant à éviter la mobilisation. Volodymyr Tymoshko, responsable de la police nationale à Kharkiv, affirme qu’il s’agit d’une minorité. Les personnes interpellées invoquent souvent des raisons familiales ou personnelles plutôt que politiques ou idéologiques. La police s’appuie principalement sur des dénonciations de personnes sollicitées financièrement pour identifier les réfractaires.
La mobilisation de la police nationale
La police nationale est principalement mobilisée sur les enquêtes pour crimes de guerre, avec 15 000 affaires ouvertes dans la région. Seule une dizaine d’enquêteurs travaillent sur les dossiers de corruption liés à la mobilisation, sur un total de 500. Volodymyr Tymoshko insiste sur l’importance d’identifier tous ceux qui fuient leurs obligations, soulignant qu’il s’agit d’une question de justice sociale. La police encourage les citoyens à signaler les faits de corruption, garantissant l’anonymat et offrant des récompenses financières pouvant atteindre 10% des sommes en jeu.
Les effets de la médiatisation
La médiatisation de ces affaires commence déjà à porter ses fruits. Certains intermédiaires ont annoncé une pause dans la délivrance de certificats médicaux de complaisance. Les autorités continuent de lutter contre la corruption et appellent les citoyens à signaler tout acte de corruption, promettant des récompenses financières pour les plus importantes affaires.
La mobilisation en Ukraine : une situation complexe et controversée
Des alternatives légales pour échapper à la mobilisation
Dans un contexte de lutte contre la corruption en Ukraine, de nombreux citoyens cherchent des moyens légaux pour échapper à la mobilisation. Certains choisissent de poursuivre leurs études ou de demander la garde de leurs enfants après un divorce, afin d’être exemptés. Par opportunisme, certains sont même prêts à payer des sommes importantes pour suivre un enseignement supérieur. Par exemple, Oleh, un enseignant de musique, raconte qu’un de ses amis était prêt à payer 50 000 hryvnias (1 300 euros) par an pendant quatre ans pour obtenir un diplôme universitaire. Un homme de 50 ans s’est également présenté à l’école d’Oleh pour récupérer un exemplaire de son certificat de diplôme, obtenu des décennies plus tôt. Il en avait besoin pour s’inscrire à l’université et échapper ainsi à la mobilisation.
Des évolutions dans la législation
Les autorités ukrainiennes ne sont pas dupes face à ces tentatives d’échapper à la mobilisation. Une proposition de loi envisage désormais d’élargir le recrutement aux étudiants inscrits dans un second cursus, alors qu’ils étaient jusqu’à présent protégés. Cette mesure vise à empêcher les individus de se réinscrire à l’université pour éviter la mobilisation. Cependant, certains étudiants interrogés dans le parc Shevchenko à Kharkiv semblent peu préoccupés par cette proposition.
Des incompréhensions et des difficultés
La loi de mobilisation en Ukraine peut donner lieu à des incompréhensions légitimes. Par exemple, les règles concernant les exemptions pour les proches de personnes malades ou handicapées ont évolué plusieurs fois. Il est également difficile de contester les décisions d’aptitude médicale, ce qui peut entraîner des délais importants pour obtenir une décision de justice. De plus, la mobilisation générale pour approvisionner le front ne semble pas susciter l’adhésion de la population ukrainienne. Certains estiment que le pays a besoin de personnes pour faire tourner son économie et ne peuvent pas se permettre de mobiliser tous les citoyens.
Des débats au sein de l’armée
Même au sein de l’armée, la mobilisation est un sujet sensible. Certains soldats volontaires ont du mal à faire comprendre à leurs proches pourquoi ils ont décidé de quitter leur métier pour aller combattre. Sergueï, un chargeur-tireur de mortier rencontré près de Kostiantynivka, explique qu’il est favorable à un recrutement plus important, mais uniquement de personnes motivées et prêtes à se battre. Il ne souhaite pas avoir à gérer des soldats qui ne veulent pas s’engager, car cela ajouterait du danger à la situation déjà dangereuse.
La mobilisation en Ukraine reste donc un sujet complexe et controversé, avec des tentatives d’échapper à cette obligation et des débats sur la nécessité d’un recrutement plus important mais sélectif.
Une nouvelle enquête révèle des détails troublants sur les pratiques de l’industrie pharmaceutique
Des pratiques douteuses mises en lumière
Une enquête récente a mis en évidence des pratiques douteuses au sein de l’industrie pharmaceutique, soulevant des questions sur l’éthique et la transparence de cette industrie. Les résultats de cette enquête ont révélé des détails troublants sur les pratiques commerciales de certaines entreprises pharmaceutiques.
Des pressions exercées sur les professionnels de la santé
L’enquête a révélé que certaines entreprises pharmaceutiques exercent des pressions sur les professionnels de la santé pour promouvoir leurs produits. Des incitations financières et des cadeaux sont offerts aux médecins et aux pharmaciens afin de les inciter à prescrire ou à recommander certains médicaments. Cette pratique soulève des inquiétudes quant à l’objectivité des professionnels de la santé dans le choix des traitements pour leurs patients.
Des essais cliniques biaisés
Une autre révélation troublante de cette enquête concerne les essais cliniques menés par l’industrie pharmaceutique. Il a été constaté que certains essais cliniques sont biaisés, avec des résultats manipulés pour favoriser l’efficacité des médicaments testés. Cette pratique remet en question la fiabilité des données sur lesquelles les décisions médicales sont prises.
Un manque de transparence
L’enquête a également mis en évidence un manque de transparence de la part de certaines entreprises pharmaceutiques. Les détails sur les essais cliniques, les effets secondaires des médicaments et les liens financiers avec les professionnels de la santé sont souvent dissimulés ou minimisés. Cette opacité nuit à la confiance du public dans l’industrie pharmaceutique et soulève des préoccupations quant à la sécurité des médicaments.
Des appels à une réglementation plus stricte
Suite à ces révélations, de nombreux experts de la santé appellent à une réglementation plus stricte de l’industrie pharmaceutique. Ils demandent une plus grande transparence dans les pratiques commerciales, des sanctions plus sévères en cas de comportement répréhensible et une surveillance accrue des essais cliniques.
Conclusion
Cette enquête met en lumière les pratiques douteuses de l’industrie pharmaceutique et soulève des questions sur l’éthique et la transparence de cette industrie. Il est essentiel de prendre des mesures pour garantir la sécurité des patients et restaurer la confiance du public dans l’industrie pharmaceutique. Une réglementation plus stricte et une plus grande transparence sont nécessaires pour assurer des pratiques éthiques et responsables au sein de cette industrie cruciale pour la santé publique.
2 comments
C’est triste de voir à quel point la crise d’effectifs et la corruption peuvent nuire à l’armée ukrainienne.
La traque des réfractaires et la corruption des certificats médicaux sont des pratiques qui discréditent l’armée ukrainienne.