Les bouquinistes de Paris inquiets pour leurs boîtes
Un test de dépose et repose qui ne rassure pas
Le 17 novembre, sur le Quai de la Tournelle, la Mairie de Paris a réalisé un test de dépose et repose de quatre boîtes de bouquinistes. Cet essai fait suite à une longue période de tension entre les bouquinistes et la Mairie, qui prévoit de retirer environ six cents boîtes avant les Jeux Olympiques de 2024.
Une énorme grue articulée, la plus grosse dont dispose la Mairie de Paris, a été installée sur le pont de la Tournelle, dans le 5ème arrondissement. Une voie de circulation a été fermée pour permettre l’arrivée des camions, remorques et fourgonnettes nécessaires à l’opération. Jérôme Callais, président de l’Association culturelle des bouquinistes de Paris, s’amuse de cette mise en scène : “C’est pour nous tout ça ? Attendez, je prends une photo !”.
Pendant ce temps, une bouquiniste allemande ironise sur la situation en déclarant : “Ce soir, la Comédie-Française se produit en plein air et gratuitement”. Les bouquinistes sont inquiets et ne veulent pas plier face à la décision de la Mairie de retirer leurs boîtes.
Des tensions lors du test
Lors du test de dépose et repose, les bouquinistes commencent à s’échauffer et expriment leur mécontentement. Les agents de police tentent de les maintenir derrière un ruban de signalisation, tandis que les journalistes cherchent à se rapprocher de l’action, mais sont rapidement arrêtés par les policiers. Une attachée de presse de la Mairie de Paris, agacée par la présence des journalistes, déclare : “C’est bien pour éviter tout cela qu’on n’avait pas convié la presse”.
Un spectacle attendu avec impatience
Après un léger retard, le véritable spectacle commence enfin. Tout le monde ici attend avec impatience de voir si l’une des boîtes se rompra et si les services de la Mairie échoueront dans leur mission. Un bouquiniste, visiblement frustré, déclare : “Il y a des boîtes plus difficiles à enlever, celles-ci ont l’air en bon état !”. En réalité, ces boîtes, âgées d’une quarantaine d’années, sont représentatives de celles que l’on trouve sur les différents quais, même si certaines sont bien plus anciennes.
Le propriétaire des boîtes, hospitalisé, a envoyé son neveu pour les mettre à disposition afin qu’elles servent de cobaye, sous le regard attentif de deux huissiers. Malgré les tensions, trois bouquinistes aident le neveu à soulever et accrocher les couvercles des boîtes. Certains bouquinistes appellent à laisser la Mairie faire son travail, tandis que d’autres s’y opposent.
Des inquiétudes pour l’avenir des boîtes
Suite à ce test, les bouquinistes restent inquiets quant à l’avenir de leurs boîtes. Certains estiment que les travaux de démontage devront commencer plus tôt que prévu, en mai 2024, au lieu de juillet 2024. La situation reste tendue entre les bouquinistes et la Mairie de Paris, et l’issue de ce bras de fer reste incertaine.
Le démontage des boîtes à livres à Paris : un processus méticuleux
Des boîtes à vider
Sur la scène, un prestataire mandaté par la Mairie s’affaire à assembler les cartons pour vider les boîtes à livres. Une dizaine de personnes se passent les livres, enroulent du papier pour combler les espaces vides, puis ferment chaque contenant. Jean-Guy, propriétaire des boîtes voisines, commente : “Il y a un peu d’enfumage. La Mairie veut montrer qu’elle fait ça proprement en sortant le grand jeu !” Cependant, il leur faudra près de deux heures pour vider seulement quatre boîtes, alors que la Mairie de Paris et la préfecture envisagent de retirer six cents d’entre elles. Un bouquiniste ironise : ”Ils ont prévu de commencer à démonter les boîtes début juillet 2024, mais vu comment ça se passe, ils vont devoir commencer en mai !”
Un démontage méticuleux
À 23h06, le bras électrique de la grue se fraye un chemin entre les branches des arbres. La première boîte, pesant entre 100 et 250 kilos, se détache du parapet et est soulevée dans les airs avant d’être déposée dans la remorque du camion. Plusieurs employés de la Mairie l’accompagnent pour une livraison en douceur. L’un d’eux s’exclame : “Wouhou !” avant de regretter immédiatement son élan de joie. Une demi-heure plus tard, les quatre boîtes sont placées dans la remorque du camion. “Le plus dur reste à venir”, commente l’un des employés de la Ville. “C’est plus complexe de les replacer. Toutes sont de guingois, et celles-là, comme beaucoup, avaient des cales à remettre.”
Une opération bien menée
Malgré tout, les services de la Ville s’en sortent bien ce soir-là. La Mairie a montré sa volonté de faire les choses proprement avant d’ouvrir de nouvelles discussions avec les bouquinistes pour déterminer quelles seront les boîtes concernées par le retrait. Cependant, les bouquinistes ne comptent pas revenir sur leur position, et le bras de fer n’est pas encore terminé. “De toute façon, ce n’est pas nous qui allons les démonter le jour J, mais sûrement un prestataire”, déclare l’un des hommes en gilet jaune. Il est près d’une heure du matin lorsque les quatre boîtes retrouvent leur place, sans incident ni casse. Il ne reste que peu de spectateurs pour observer le prestataire remettre les livres à l’intérieur. Deux bouquinistes, absents pendant l’opération, s’approchent, étonnés de constater que tout s’est bien déroulé. “Ils ont réussi, les salopards !”
Le bras de fer continue
Le démontage des boîtes à livres à Paris est un processus méticuleux qui suscite des tensions entre la Mairie et les bouquinistes. Alors que la Mairie veut montrer sa volonté de faire les choses proprement, les bouquinistes restent fermement opposés au retrait des boîtes. Le dénouement de cette situation reste incertain, mais une chose est sûre : le bras de fer n’est pas encore terminé.
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Il est important de protéger le patrimoine culturel de la ville tout en préparant les Jeux Olympiques.