L’évolution de la démarche galiléenne au XVIIe siècle nous a permis de nous considérer, grâce à Descartes, comme des êtres “antinature”. Cela ne signifie pas que nous sommes opposés à la nature, mais plutôt que nous participons à une essence différente, que nous sommes métaphysiquement “autres”. Cette séparation a discrètement orienté la suite de l’histoire, dissociant le monde en deux : d’un côté, la nature, décor de nos existences, appréhendée uniquement sous un angle physico-mathématique ; de l’autre, l’homme, renvoyé à lui-même, à la solitude de sa raison et de ses émotions.
Cependant, nous avons fini par comprendre que cette séparation n’est pas aussi nette qu’on l’imaginait. D’une part, la nature réagit à nos actions et se révèle poreuse, fragile et non infinie. Les indicateurs tels que le climat, la diminution des espaces de vie, l’effondrement de la biodiversité, la pollution des sols, de l’eau et de l’air, ainsi que la déforestation, sont tous alarmants et les projections sont inquiétantes. D’autre part, nous prenons de plus en plus conscience que nous consommons avidement les ressources terrestres sans savoir comment enrayer cette tendance néfaste. Nous pressentons donc que l’avenir que nous anticipons implicitement par nos actions pourrait être radicalement différent, et cette idée nous effraie au plus profond de nous-mêmes.
Certains accusent la science de cette situation, en la confondant avec les conséquences néfastes de son utilisation. Ils suggèrent ainsi de renoncer à l’esprit scientifique pour réparer les dégâts causés. Mais est-ce en abandonnant les avancées scientifiques que nous pourrons remédier à ces problèmes ? Est-ce avec la physique d’Aristote que nous pourrons stabiliser le climat ? Ou avec la biologie de Pline l’Ancien que nous préserverons la biodiversité ?
Plutôt que d’abandonner l’idée de rationalité, il serait préférable de la reconstruire afin qu’elle ne puisse plus servir d’alibi à toutes sortes de dominations. Mais comment y parvenir ?
Giuseppe Longo, mathématicien et épistémologue, auteur de “Le Cauchemar de Prométhée, les sciences et leurs limites” (PUF, 2023), propose une réflexion sur cette question. Selon lui, il est nécessaire de repenser notre rapport à la science et à la rationalité, afin de les utiliser de manière responsable et respectueuse de la nature. Il souligne l’importance de prendre en compte les limites de la science et de reconnaître que notre compréhension du monde est toujours partielle et perfectible. En adoptant une approche plus humble et éthique, nous pourrons peut-être trouver des solutions durables aux défis environnementaux auxquels nous sommes confrontés.
En conclusion, il est essentiel de repenser notre relation avec la nature et de reconnaître notre responsabilité dans les problèmes environnementaux actuels. Plutôt que de rejeter la science, nous devons l’utiliser de manière responsable et éthique, en tenant compte de ses limites et en adoptant une approche plus humble. C’est en agissant de la sorte que nous pourrons espérer préserver notre planète pour les générations futures.
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Un sujet passionnant pour une conférence qui promet d’ouvrir de nouvelles perspectives sur notre relation avec la nature et notre façon de penser.
Marie: Ce serait intéressant d’explorer comment repenser notre rationalité pourrait nous aider à faire face aux défis environnementaux et sociaux auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui.