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L’Arabie saoudite et la Russie préfèrent réduire leur part de marché pour soutenir les prix face aux défis de la transition énergétique et de la hausse de la production aux États-Unis

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Les exportateurs de pétrole, l’Arabie saoudite et la Russie, ont pris la décision de réduire leur part de marché afin de soutenir les prix, malgré une consommation mondiale record. Cette décision est en partie motivée par les effets de la transition énergétique en Chine et de la production croissante de pétrole aux États-Unis.

La baisse de la production saoudienne et russe, respectivement de 1 million de barils par jour (mb/j) et de 300 000 barils par jour (b/j), vise à anticiper une éventuelle baisse des cours. Bien que cette décision ait fait remonter le cours du Brent au-dessus de 90 dollars, au plus haut depuis 10 mois, la hausse sur un an n’est que de 2%. Depuis son pic atteint début novembre 2022, à environ 97 dollars, le cours du Brent avait chuté à 73 dollars à la mi-juin, malgré les restrictions des quotas de l’Opep+. C’est seulement après l’annonce de la coupe unilatérale de l’Arabie saoudite que le baril a regagné 17 dollars.

Cette réduction de la production a un impact négatif sur les pays consommateurs, qui doivent déjà faire face à un niveau d’inflation sans précédent depuis quatre décennies et à un ralentissement, voire une récession, de leurs économies. Cependant, elle est nécessaire pour les pays exportateurs partenaires de l’Opep+.

La rente pétrolière et gazière est vitale pour les pays exportateurs, car elle constitue une part importante de leurs budgets publics et contribue à la cohésion sociale. La Russie, isolée sur la scène internationale en raison des sanctions qui lui sont imposées, doit optimiser ses revenus pour soutenir son effort de guerre en Ukraine. De son côté, l’Arabie saoudite a besoin de financer sa transition énergétique et de diversifier son économie en se tournant vers des secteurs tels que le tourisme, les services et les industries d’avenir.

Les nouvelles coupes annoncées peuvent sembler paradoxales à première vue, étant donné la demande croissante de pétrole qui devrait normalement soutenir les cours. Selon les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la consommation mondiale devrait atteindre un volume record de 102,2 mb/j cette année, soit une augmentation de 2,2 mb/j par rapport à 2022. Même si la croissance ralentira l’année prochaine, la demande mondiale devrait encore augmenter de 1 mb/j pour atteindre 103,2 mb/j, un nouveau record.

Cependant, ce paradoxe s’explique par l’évolution de la structure du marché pétrolier, en tenant compte de la situation des États-Unis et de la Chine, respectivement premier et deuxième plus grands consommateurs mondiaux de pétrole.

La demande mondiale de pétrole augmente de 70%


Même si la Chine fait face à une crise immobilière grave, qui représente un quart de son PIB, et affiche des indicateurs économiques plutôt déprimants, tels que la production manufacturière et les exportations, le pays a augmenté ses importations de pétrole brut de 12,4% au cours des sept premiers mois de cette année par rapport à la même période en 2022, selon les données officielles. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la Chine représentera à elle seule 70% de la hausse de la demande mondiale de pétrole cette année.

Une demande spécifique liée aux voyages et à la pétrochimie


La reprise de la demande pétrolière en Chine est principalement due aux voyages dans le pays, ce qui a stimulé la demande de kérosène, explique Carlos Pascual, expert en énergie chez S&P Global Commodity Insights, lors d’une interview avec CNBC. Cette tendance se retrouve à l’échelle mondiale, car selon l’AIE, la demande mondiale de kérosène devrait augmenter de 16,2% en 2023 par rapport à 2022, et celle de naphta destinée à l’industrie pétrochimique (plastiques, cosmétiques, médicaments, etc.) devrait augmenter de 5,3%.

La Chine dépendante des importations de pétrole


Contrairement aux États-Unis, la Chine, bien qu’étant le cinquième producteur mondial de pétrole, dépend fortement des importations. Entre 2012 et 2022, sa consommation de pétrole a augmenté de 42% pour atteindre 14,29 millions de barils par jour. Pendant la même période, sa production est restée presque stable, atteignant 4,11 millions de barils par jour en 2022. Pour répondre à ses besoins, la part des achats internationaux de pétrole de la Chine est passée de 58,7% en 2012 à 71,2% en 2022, ce qui fragilise le pays et le pousse à renforcer ses relations avec ses principaux fournisseurs, notamment ceux du Moyen-Orient, en particulier l’Arabie saoudite et la Russie. Pour la Chine, la sécurisation de son approvisionnement en pétrole prime sur le niveau des prix du baril.

La production américaine de pétrole en hausse de 82,2% en dix ans


La situation est différente aux États-Unis. La consommation de pétrole y a augmenté de 10,6% entre 2012 et 2022, atteignant 19,14 millions de barils par jour, tandis que la production a bondi de 82,2% pour atteindre 11,88 millions de barils par jour, selon les chiffres du Statistical Review of World Energy 2023. Selon l’Agence d’information sur l’énergie américaine (EIA), la production de pétrole des États-Unis devrait atteindre 12,8 millions de barils par jour en 2023 et 13,1 millions de barils par jour en 2024, établissant ainsi deux records historiques de production. Pour la première économie mondiale, le problème réside moins dans le volume que dans le niveau des prix du baril. En effet, le prix de l’essence à la pompe, moins taxée aux États-Unis et plus sensible à l’évolution du prix du brut, est un enjeu politique.

Les États-Unis et la gestion des prix du pétrole


Avant les élections de mi-mandat, Joe Biden s’était rendu à Riyad pour demander au prince héritier Mohammed ben Salmane d’augmenter la production du royaume. N’ayant pas obtenu satisfaction, le président américain a dû puiser dans les stocks stratégiques du pays pour calmer la hausse des prix de l’essence, qui avaient atteint des niveaux historiques, dépassant les 5 dollars le gallon. La problématique des prix du pétrole a également conduit l’administration Biden à proposer, dans le cadre des sanctions, d’imposer un plafonnement des prix des exportations de pétrole russe à 60 dollars le baril, afin de contrer l’embargo de l’Union européenne. Ce mécanisme, choisi par le G7 et ses alliés, a permis d’éviter une flambée des prix qui aurait été provoquée par le retrait du brut russe du marché international.

La Chine investit dans les énergies renouvelables


En Chine, on observe une tendance à investir dans les énergies alternatives. Au début du mois d’août, Zhou Yan, un responsable de Sinopec, la première entreprise pétrolière chinoise, a annoncé que la Chine investissait dans les énergies renouvelables.La demande d’essence en Chine atteindra son pic cette année, deux ans plus tôt que prévu, selon les affirmations de l’industrie chinoise du raffinage et de la distribution de produits pétroliers. Cette anticipation permettra d’économiser dès cette année 15 millions de tonnes de pétrole, soit l’équivalent de 300 000 barils par jour. Cette économie est le résultat des efforts de la Chine pour se positionner en tant que leader sur le marché des voitures électriques et hybrides. En mai, ces modèles représentaient 27% des ventes totales de voitures sur le marché chinois, avec 480 000 unités vendues, enregistrant une croissance à deux chiffres (+48% par rapport à l’année précédente).

La demande de pétrole en Chine dépend également de celle du gaz naturel, une alternative moins polluante qui remplace le pétrole dans certaines utilisations. Selon les données officielles chinoises, la consommation de gaz naturel a augmenté de 5,6% au premier semestre de cette année, atteignant 194 milliards de mètres cubes. Cette augmentation a été alimentée par la production locale, qui a fourni 115,5 milliards de mètres cubes (+5,4% par rapport à l’année précédente), ainsi que par les importations, qui se sont élevées à 79,4 milliards de mètres cubes (+5,8%). Parmi ces importations, 33,2 milliards de mètres cubes ont été acheminés par gazoducs et 46,2 milliards de mètres cubes par transport maritime sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL). En 2022, les livraisons de gaz russe via gazoduc avaient augmenté de 54%.

Malgré cela, le charbon reste largement utilisé pour la production d’électricité en Chine. Cependant, le pays accorde une priorité croissante aux énergies renouvelables. Selon le Statistical Review of World Energy 2023, la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables en Chine a augmenté de près de 850% entre 2012 et 2022. L’année dernière, la Chine représentait à elle seule plus de 32% de la production mondiale d’électricité à partir d’énergies renouvelables. Selon un rapport du Global Energy Monitor, le pays devrait même doubler ses capacités actuelles en énergie solaire et éolienne d’ici 2025. Cette accélération vise à réduire la dépendance aux importations de pétrole et de gaz, ainsi qu’à diminuer la consommation de charbon, qui a augmenté de près de 10% entre 2012 et 2022 et représentait près de 55% de la consommation mondiale de charbon l’année dernière.

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1 comment

Jaylani September 9, 2023 - 9:09 am

C’est encourageant de voir deux pays importants prendre des mesures pour soutenir les prix et faire face aux défis de l’industrie de l’énergie.

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