Budget 2024 : L’Italie adopte une approche plus sobre pour rassurer Bruxelles
La cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, a été contrainte d’adopter un budget plus sobre que prévu en raison de contraintes budgétaires. Son objectif est de donner des gages de rigueur financière à Bruxelles, même si cela signifie renoncer temporairement à certaines promesses électorales. Le gouvernement reconnaît que les marges de manœuvre budgétaires sont très limitées en raison du ralentissement économique et de la baisse des recettes fiscales.
En conséquence, les prévisions de déficits publics risquent d’être revues à la hausse. Giorgia Meloni insiste sur la nécessité de réduire les gaspillages et de dépenser les ressources disponibles de la meilleure manière possible. Pour renflouer les caisses de l’État, la coalition de droite et d’extrême droite a réduit le “revenu de citoyenneté” destiné aux plus pauvres, instauré une taxe sur les superprofits des banques et envisage de nouvelles privatisations.
Chute surprise du PIB
La chute inattendue de 0,4% du PIB au deuxième trimestre, la situation difficile de l’Allemagne, principal partenaire commercial de l’Italie, et les retards dans le plan de relance financé par des fonds européens pèsent lourdement sur les comptes du pays.
Certaines mesures, telles que l’extension de l’impôt forfaitaire de 15% aux salariés ayant des revenus annuels jusqu’à 85 000 euros, ont été reportées, tout comme l’abandon définitif de la loi Fornero de 2011 fixant l’âge de départ à la retraite à 67 ans. Actuellement, les Italiens peuvent prendre leur retraite à 62 ans avec 41 années de cotisations grâce à un dispositif temporaire.
Incitations fiscales généreuses
Malgré ces contraintes budgétaires, le gouvernement devrait reconduire la baisse de la charge fiscale sur les revenus modestes et mettre en place des mesures de soutien pour les familles nombreuses. L’objectif du gouvernement est de réaliser ses promesses électorales d’ici la fin de la législature en 2027. Matteo Salvini, vice-Premier ministre, espère même que la coalition gouvernementale durera au moins dix ans pour accomplir tout ce qui doit être fait.
Cependant, l’Italie aura du mal à éviter une augmentation de son déficit public pour 2023, actuellement fixé à 4,5% du PIB après 8% en 2022. L’objectif de 3,7% du PIB pour 2024 semble également illusoire.
Le coût du dispositif d’incitations fiscales généreuses appelé “superbonus”, qui vise à rendre les logements moins énergivores, risque d’alourdir à nouveau les comptes publics. Ce mécanisme, mis en place en 2020 pour relancer l’économie, devrait dépasser les 100 milliards d’euros, selon Giorgia Meloni. Un montant considérable pour un pays dont la dette publique dépasse les 144% du PIB, le ratio le plus élevé de la zone euro après la Grèce.
Pacte de stabilité
Rome comptait sur la prolongation de la suspension du Pacte de stabilité en 2024 si aucune réforme n’était trouvée d’ici la fin de l’année. Cependant, le commissaire européen à l’Économie, Paolo Gentiloni, a exclu ce scénario, ce qui a douché les espoirs italiens. Le Pacte de stabilité, qui limite le déficit des administrations publiques des pays de la zone euro à 3% du PIB et la dette publique à 60% du PIB, a été suspendu en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19.
Giorgia Meloni a averti qu’un retour aux anciennes règles serait dramatique et espère que Paolo Gentiloni, en tant qu’Italien, défendra davantage les intérêts nationaux. Matteo Salvini partage cet avis et a critiqué le commissaire européen pour son manque de soutien à l’Italie.
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Cela était malheureusement prévisible compte tenu de la situation économique actuelle.