Un écrivain québécois explique le rôle d’un “lecteur sensible” dans son dernier roman
Dans une récente interview, l’auteur Kevin Lambert revient sur la controverse suscitée par son utilisation d’un “lecteur sensible” pour son dernier roman, intitulé “Que notre joie demeure”. Un “lecteur sensible” est chargé de vérifier que le texte ne contient pas de mots ou de phrases problématiques pour les lecteurs issus des minorités. Lambert explique que, contrairement à ce qui se passe en France, au Québec le terme “lecteur sensible” n’a pas la même connotation.
Lambert a travaillé avec Chloé Savoie-Bernard, une poète et professeure de littérature québécoise et haïtienne, pour relire son livre et éviter les écueils de la représentation des personnes noires par des auteurs blancs. Il précise que ce travail de relecture ne se limitait pas seulement aux personnages, mais touchait également à la forme, à la phrase et à la narration. Savoie-Bernard, qui connaît mieux que lui la réalité d’une personne noire dans le monde de l’architecture, ne qualifie pas son travail de “lecture sensible”, mais plutôt de “consultation éditoriale”.
Lambert souligne que l’utilisation d’un “lecteur sensible” est courante au Québec depuis environ cinq ans et que cela se fait dans une relative normalité. Il précise que ce sont les auteurs qui font la demande de travailler avec des éditeurs spécialisés ou des relecteurs, et que cela n’est ni systématique ni obligatoire. Il insiste sur le fait que Savoie-Bernard n’avait pas pour intention de censurer son texte, mais plutôt d’engager un dialogue pour éviter les erreurs.
Lambert estime que l’utilisation du terme “lecteur sensible” donne l’impression que cette pratique est nouvelle, alors qu’en réalité, les auteurs ont toujours fait relire leurs textes par des personnes compétentes dans certains domaines. Il souligne que cela ne pose aucun problème lorsque les auteurs font relire leur texte par un ami architecte, médecin ou conjoint, mais que le terme “lecteur sensible” semble associer cette pratique à une idée importée des États-Unis.
En conclusion, Lambert défend l’utilisation d’un “lecteur sensible” dans le processus d’écriture, affirmant que cela permet d’éviter les erreurs et d’enrichir les personnages. Il souligne cependant que cette pratique ne doit pas être perçue comme une forme de censure, mais plutôt comme un dialogue constructif entre l’auteur et le relecteur.Les “lecteurs sensibles” : une opportunité pour enrichir la réflexion éditoriale
Dans le monde de l’édition, la présence de “lecteurs sensibles” suscite de nombreuses interrogations. Certains voient en eux une menace pour la liberté d’écriture, tandis que d’autres estiment qu’ils permettent d’amplifier cette liberté et d’enrichir le texte. Pour mieux comprendre cette pratique, nous avons interrogé l’écrivain Kevin Lambert, qui a récemment fait appel à un “lecteur sensible” pour son dernier roman.
Lors de notre entretien, Kevin Lambert explique que les “lecteurs sensibles” lui ont posé des questions sur ses personnages, ce qui l’a amené à ouvrir des portes qu’il n’avait pas explorées auparavant. Par exemple, il a été questionné sur le rapport de son personnage principal, Pierre-Moïse, à Haïti et sur l’influence de son passé sur sa mythologie personnelle et son imaginaire. Cette réflexion lui a permis d’ajouter une scène importante dans son livre, où Pierre-Moïse participe à une conférence avec des étudiants plus jeunes et expose son rapport à la création.
Kevin Lambert souligne que faire appel à un “lecteur sensible” n’est pas motivé par la peur, mais par le désir de rendre justice à la complexité humaine et d’enrichir la réflexion éditoriale. Il reconnaît que ces questions sur l’écriture impersonnelle et neutre, ou sur l’écriture en fonction de sa position sociologique, ne trouvent pas de réponse définitive, mais il avait envie d’explorer ces interrogations dans son livre.
Face aux critiques de certains auteurs, comme Nicolas Mathieu, qui voient dans les “lecteurs sensibles” une professionnalisation des sensibilités et une restriction de la liberté d’écriture, Kevin Lambert comprend leur point de vue mais ne partage pas leur inquiétude. Selon lui, ces lecteurs permettent au contraire d’élargir les horizons de réflexion et de prendre en compte des perspectives différentes.
En conclusion, l’utilisation de “lecteurs sensibles” dans le processus éditorial peut être perçue comme une opportunité pour les auteurs d’approfondir leur travail et d’enrichir leurs réflexions. Il ne s’agit pas d’une menace pour la liberté d’écriture, mais plutôt d’un moyen de rendre justice à la complexité humaine et d’ouvrir de nouvelles perspectives.
La lecture sensible : une censure selon les réactionnaires
Un débat sur la lecture sensible
Dans le monde de l’art, il existe un débat sur la lecture sensible et son impact sur la liberté d’expression. Certains affirment que la lecture sensible est une forme de censure, tandis que d’autres soutiennent qu’elle permet une meilleure compréhension de l’œuvre. Nicolas Mathieu, auteur de “Que notre joie demeure”, s’est récemment exprimé sur ce sujet.
Une démocratisation de l’accès à la parole
Selon Nicolas Mathieu, il y a une démocratisation de l’accès à la parole grâce aux réseaux sociaux et cela suscite des craintes chez certains. Cependant, il estime que cette démocratisation nous impose une plus grande responsabilité en tant qu’artistes. Il affirme que nous devons être à la hauteur de cette responsabilité et utiliser notre voix de manière réfléchie.
La distinction entre le moi social de l’artiste et son moi profond
Dans son livre, Nicolas Mathieu cite Proust et sa distinction entre le moi social de l’artiste et son moi profond. Il se demande si cette distinction est encore possible en littérature. Selon lui, cette réflexion est au cœur de son écriture dans “Que notre joie demeure”. Son roman met en scène une architecte et femme d’affaires, Céline Wachowski, qui se retrouve confrontée à une controverse. L’auteur fait le choix narratif de ne pas trancher entre le bien et le mal, laissant ainsi au lecteur le soin de juger avec ses propres valeurs.
La question de la légitimité de l’auteur
Nicolas Mathieu aborde également la question de la légitimité de l’auteur à écrire sur des sujets qu’il n’a pas vécus personnellement. Il reconnaît que ce débat existe depuis toujours dans le monde de l’art. L’auteur souligne que certaines représentations ont contribué à des violences sociales et que la légitimité inconditionnelle n’est pas réservée uniquement à ceux qui écrivent sur des expériences vécues. Selon lui, la littérature ne se réduit pas à une opinion personnelle, mais à la création de personnages plausibles et cohérents qui suscitent des questions politiques et littéraires ambiguës.
En conclusion, le débat sur la lecture sensible et la légitimité de l’auteur reste d’actualité dans le monde de l’art. Nicolas Mathieu, en tant qu’écrivain, défend la liberté d’expression tout en reconnaissant la responsabilité qui accompagne cette liberté. Il invite les lecteurs à juger par eux-mêmes et à se poser des questions sur les enjeux politiques et littéraires soulevés par ses personnages.
Des “lecteurs sensibles” réécrivent les œuvres de Roald Dahl, d’Agatha Christie et de Ian Fleming : Qu’en pensez-vous ?
Une réflexion littéraire avant tout
Dans une récente interview, l’écrivain français, dont le dernier roman a été salué par la critique, a exprimé son opinion sur la réécriture des œuvres de grands auteurs tels que Roald Dahl, Agatha Christie et Ian Fleming par des “lecteurs sensibles”. Pour lui, cette pratique soulève des questions importantes sur la création littéraire et la liberté d’expression.
Pour commencer, l’auteur souligne que lorsqu’il écrit, il choisit de faire lire son texte à quelqu’un, mais cela reste une décision personnelle qui ne concerne que lui et son processus de création. Il estime que la peur ne doit pas dicter nos réflexions et que nous devons aborder le débat de manière apaisée et réfléchie.
Il propose également de déplacer le débat en donnant la parole à des historiens, des universitaires et des psychanalystes. Selon lui, il est important de se détacher de l’idée préconçue selon laquelle une forme de morale importée des États-Unis entraîne une nouvelle forme de censure dans la littérature. Il encourage une réflexion approfondie et enrichie par des perspectives historiques.
Une proximité lointaine
L’auteur souligne également sa préférence pour écrire sur des sujets qui sont dans une “proximité lointaine”. Il ne cherche pas à écrire sur sa propre vie, mais à vivre dans le même monde que ses personnages. Il observe que de nos jours, des personnes qui n’avaient pas la parole auparavant peuvent s’exprimer, ce qui représente un changement significatif. Il considère que cette démocratisation de l’accès à la parole nous impose une plus grande responsabilité en tant qu’écrivains.
En conclusion, l’auteur invite à une réflexion littéraire approfondie sur la réécriture des œuvres de grands auteurs. Il encourage à élargir le débat en donnant la parole à des experts et à se détacher des idées préconçues. Selon lui, il est essentiel de travailler avec humilité, de faire des recherches et de choisir des sujets qui méritent notre attention.
2 comments
C’est intéressant de voir comment l’industrie littéraire tente d’intégrer davantage de diversité et de représentation en utilisant des “sensitivity readers”.
Je suis curieux de savoir comment cela a été perçu par les auteurs controversés et si cela a réellement un impact sur la qualité et l’authenticité de leurs œuvres.