Des centaines de hauts fonctionnaires et de diplomates américains contestent la politique de soutien à Israël et réclament un cessez-le-feu immédiat
Aux États-Unis, le soutien public à Israël est en baisse et une véritable dissidence se fait sentir au sein de l’administration depuis le 7 octobre. Plus de 500 hauts fonctionnaires et diplomates américains ont écrit au président Biden pour demander un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Une démarche similaire a été entreprise au sein du Département d’État, en utilisant une procédure interne établie pendant la guerre du Vietnam, qui permet d’exprimer un désaccord sans risquer de sanctions. De plus, une pétition signée par plus de 1000 employés de l’agence d’aide internationale, USAid, a également été rendue publique.
Ces textes, qui ont été divulgués dans la presse, condamnent l’attaque du Hamas du 7 octobre, mais critiquent également les conséquences humanitaires de la riposte israélienne. Ils appellent à des mesures pour protéger les populations civiles palestiniennes.
Le Secrétaire d’État Anthony Blinken a écrit à tous les employés de son ministère pour montrer qu’il était à l’écoute et a rappelé qu’il avait personnellement demandé à Israël de préserver la vie des civils. Cependant, hier soir, Joe Biden a déclaré qu’il ne demanderait pas un cessez-le-feu avant que la capacité de nuisance du Hamas ne soit détruite.
Une position de l’administration de moins en moins comprise par l’opinion
Un nouveau sondage révèle que plus des deux tiers des Américains réclament un cessez-le-feu. La proportion de personnes interrogées estimant que les États-Unis doivent soutenir Israël est passée de 41% au début de cette crise à 32% cette semaine.
Les études montrent qu’il y a une rupture générationnelle à ce sujet : les plus jeunes, y compris les jeunes juifs, sont sensibles à la cause palestinienne. Ils y voient une extension des thèmes qui préoccupent les campus américains depuis des années, tels que Black Lives Matter ou le débat décolonial. À moins d’un an des élections présidentielles américaines, cela pose un problème pour les démocrates.
En France, la dissidence est moins prononcée, mais “Le Figaro” a rapporté cette semaine une lettre écrite par une dizaine d’anciens ambassadeurs de France au Moyen-Orient. Ces derniers regrettent ce qu’ils considèrent comme un alignement initial de Paris sur la politique israélienne. Selon eux, cette position n’est pas comprise dans la région et rompt avec la position traditionnellement plus équilibrée de la France entre Israéliens et Palestiniens.
Cette prise de position est suffisamment rare pour être soulignée et reflète un malaise existant au sein du Quai d’Orsay. Ce malaise s’est fait sentir lorsque le Président, lors de sa visite en Israël, a évoqué l’idée d’une coalition anti-Hamas, sans en informer le ministère, ce qui a été un échec.
Depuis, Emmanuel Macron a rééquilibré sa position en soutenant un cessez-le-feu et en critiquant le sort des civils sous les bombardements à Gaza. Il a récemment envoyé le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, au Moyen-Orient pour expliquer la position française.
À Paris comme à Washington, il est clair que ce conflit brutal, qui a pris tout le monde par surprise, génère de nouvelles lignes de fracture. Les gouvernements ne peuvent pas les ignorer totalement.
1 comment
C’est encourageant de voir une remise en question de la politique de soutien inconditionnel à Israël.