Les agences d’aide se taisent dans le scandale du sexe contre travail au Congo

Les principales agences d’aide ne divulgueront pas les informations envoyées à la Commission européenne dans le cadre d’une enquête sur l’exploitation sexuelle des femmes en République démocratique du Congo (RDC).

Ils disent que cela pourrait nuire à leur réputation et rendre plus difficile la collecte de fonds. La Commission européenne a en sa possession 25 documents, dont des e-mails, qui contiennent “des informations sur des crimes potentiels”.

Ces documents donnent un aperçu des abus signalés commis par de nombreux membres du personnel d’agences d’aide contre des femmes locales lors d’une épidémie d’Ebola de 2018 à 2020 en RDC.

La commission, grand bailleur de fonds des agences, avait demandé les informations suite à révélations des abus par Reuters et New Humanitarian en septembre 2020.

Les médias affirment que plus de 100 femmes ont été contraintes de participer à des programmes de sexe contre travail afin de décrocher des emplois auprès des agences d’aide. Au moins 30 de ces femmes ont impliqué des travailleurs de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

L’OMS a depuis confirmé les informations, notant que son personnel et d’autres travailleurs humanitaires avaient exploité des femmes à des fins sexuelles. Ils ont découvert que plus de 80 auteurs d’abus avaient travaillé pour l’OMS et ses partenaires. Les crimes comprennent le viol, les avortements forcés et l’abus sexuel d’une fille de 13 ans.

L’agence des Nations Unies pour l’enfance Unicef, Oxfam, Médecins sans frontières (MSF), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), World Vision et Alima ont également été accusées.

En début de semaine, EUobserver a reçu une divulgation partielle des 25 documents en possession de la Commission européenne après avoir déposé une première demande d’accès aux documents il y a deux ans.

Mais une poignée des dossiers les plus sensibles ont tout de même été refusés à la demande du World Vision Network, de l’OIM et de l’Unicef.

Intérêt commercial

World Vision Network, une organisation humanitaire chrétienne, a évoqué la protection de ses intérêts commerciaux dans son refus de divulguer quatre des 25 documents.

“La publication des e-mails, même sous une forme partielle, compromettra la protection des [our] intérêts commerciaux », ont-ils déclaré à la Commission européenne.

“Par “commercial”, nous définissons nos activités et notre réputation en tant qu’organisation humanitaire à but non lucratif”, ont-ils ajouté.

Ils disent que la divulgation “pourrait en retour affecter notre capacité à collecter des fonds auprès du public”. Il a également déclaré qu’ils n’avaient reçu aucun financement de la Commission européenne pour sa réponse à Ebola en RDC.

L’OIM a avancé des arguments similaires et a refusé d’autoriser la commission à divulguer un document.

Ils affirment que la divulgation mettrait en danger “les survivants de l’exploitation et des abus sexuels” ainsi que le personnel de l’OIM, les sous-traitants, le gouvernement et les autorités consulaires en RDC.

“Ces informations sont traitées comme des informations confidentielles sensibles car la vie des migrants, du personnel et des partenaires est la plus haute priorité de l’OIM”, ont-ils déclaré à la Commission européenne.

L’Unicef ​​a également refusé, invoquant les “privilèges et immunités” de l’organisation ainsi que la sûreté et la sécurité de son propre personnel.

Dans la foulée des révélations, tous trois ont annoncé des enquêtes internes. Interrogé sur le résultat de ces enquêtes, aucun n’a encore répondu.

Le Nouvel Humanitaire, dans un rapport de suivi le mois derniera déclaré que 26 des femmes maltraitées avaient été enceintes, dont un enfant de 15 ans.

“Elle élève maintenant seule une fille de trois ans”, a rapporté The New Humanitarian.

The New Humanitarian a également révélé que cinq employés accusés de l’Unicef ​​et un employé accusé chacun de World Vision et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

La divulgation partielle

World Vision, dans un e-mail adressé à la DG Echo le 4 février 2021, a déclaré que son enquête sur les allégations avait été finalisée et que “des mesures disciplinaires avaient été prises”.

Ils ont également déclaré qu’ils concevaient un “processus de leçons apprises à l’échelle de l’organisation pour aider à réduire le risque que des cas similaires se produisent à l’avenir et [sic] pour améliorer encore nos pratiques de sécurité.”

Alima affirme que les allégations révélées par le New Humanitarian n’impliquent pas non plus de projets financés par le service d’aide de la Commission européenne, la DG Echo.

Dans un e-mail du 5 octobre 2020, la DG Echo demande à Alima si des mesures ont été prises pour « s’assurer que l’auteur, ni [sic] réembauché par une autre organisation.”

Une correspondance partielle par courrier électronique a également été publiée entre l’IRC et la DG Echo.

“Aucun de ces cas n’impliquait la DG Echo en tant que donateur. Les donateurs concernés ont été informés des allégations et des conclusions à la suite des enquêtes”, a déclaré IRC dans un e-mail adressé à la DG Echo le 24 novembre 2020.

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