Dans le documentaire « Copa 71 », présenté en première mondiale jeudi au Festival international du film de Toronto, des footballeuses surmontent les obstacles placés sur leur chemin par des responsables sexistes pour organiser la toute première Coupe du monde féminine. Plus d’un demi-siècle plus tard, selon deux membres de cette équipe gagnante, les actions du président de la fédération espagnole de football, Luis Rubiales, montrent à quel point peu de choses ont changé.
“Nous avons été choqués, mais pas surpris”, a déclaré la joueuse de l’équipe nationale danoise Ann Stengaard à propos de Rubiales embrassant la milieu de terrain vedette Jenni Hermoso sans son consentement après la victoire de l’Espagne à la Coupe du monde féminine le mois dernier.
“J’étais content que ce ne soit pas moi, parce que je ne sais pas quoi [I would have done]”, a ajouté Birte Kjems, alors que Stengaard faisait un geste de gifle pour illustrer la réaction probable de sa coéquipière.
La discussion animée, qui a eu lieu lors d’une interview au Los Angeles Times Studio au TIFF vendredi, reflétait le récit bruyant de la « Copa 71 » sur le tournoi non autorisé de 1971 à Mexico. Avec une reconstitution remarquablement détaillée des séquences de match et des conversations émotionnelles avec les membres des équipes danoises, françaises, mexicaines, italiennes et anglaises, le film, co-réalisé par Rachel Ramsay et James Erskine, est très divertissant – mais il ne cache pas la fureur misogyne qui a entouré l’événement, établie par le mépris de la FIFA, l’instance dirigeante du football, et alimentée par les médias.
“Nous essayons de ne pas être déprimants”, a déclaré Ramsay. « C’est pourquoi nous avons voulu en faire un moment joyeux et festif [film], assez visuel, avec beaucoup de couleurs. Vous voulez que ce soit une joie à regarder. Et puis vous repartez, et plus tard vous vous dites : « Oh, c’était très amusant. Mais attends, il y a quelque chose d’un peu dégueulasse.
“Nous avons vraiment placé cette histoire en 1971”, a-t-elle poursuivi. «C’était il y a 50 ans, clairement de son époque. Ainsi, lorsqu’un public le regarde, il voit cela et se dit : « Mon Dieu, c’est arrivé il y a 50 ans ? » Il y a 50 ans et toujours rien n’a changé ?’
Comme l’a soutenu Erskine, Rubiales, que les procureurs espagnols ont accusé vendredi d’agression sexuelle et de coercition suite au baiser, a déclenché une polémique durable non pas parce que son « comportement ridicule » est nouveau dans le sport, mais parce que « c’est indéniable : le sexisme est là pour le monde à voir. (Rubiales, qui avait été suspendu par la FIFA à la suite de l’incident, a démissionné dimanche.)
En fait, comme le New York Times l’a rapporté cette semaine, un jour après que l’Espagne a licencié l’entraîneur national féminin Jorge Villa, les footballeuses espagnoles ont été confrontées à la misogynie bien avant le mandat de Rubiales à la tête de la fédération de football, luttant contre tout, des commentaires inappropriés et des propos verbaux. abus à une indemnisation insuffisante.
« Ils en parlent depuis des années, et il leur a fallu gagner la Coupe du monde pour enfin être écoutés. Ils le dénoncent depuis longtemps », a déclaré Ramsay. “Le baiser est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.”