Les procédures collectives se multiplient ces derniers mois, avec les entreprises subissant les conséquences économiques exacerbées par le contexte géopolitique actuel. Selon le dernier baromètre de Xerfi et du conseil national des Greffiers des Tribunaux de Commerce, certains secteurs sont plus touchés que d’autres.
Une augmentation de 18% des liquidations judiciaires a été enregistrée au troisième trimestre de cette année par rapport à 2022. Cette hausse est notamment due à l’augmentation des taux d’intérêt, de l’inflation et à la baisse de la demande. Les procédures collectives, en particulier les redressements judiciaires, prennent de plus en plus d’ampleur.
Le dernier baromètre de Xerfi, réalisé en collaboration avec le conseil national des Greffiers des Tribunaux de Commerce, se base sur les données des greffes des tribunaux de commerce. Il met en évidence les “voyants rouges” concernant l’évolution du tissu entrepreneurial. Au troisième trimestre seulement, 10 400 entreprises ont fait l’objet d’une ouverture de procédure collective, soit une augmentation de 22% par rapport à l’année précédente. Cependant, tous les secteurs ne sont pas affectés de la même manière par la conjoncture.
Le secteur de l’immobilier est particulièrement touché, avec une augmentation de 18% des liquidations judiciaires au troisième trimestre par rapport à 2022, portant le total à 7 723. Après des années d’euphorie, le secteur immobilier fait face à une hausse des taux d’intérêt qui complique l’accès au crédit, ainsi qu’à une baisse des prix des biens. Près de 165 agences immobilières ont ainsi été placées en liquidation judiciaire entre le 1er juillet et le 30 septembre 2023, soit une augmentation de 175% par rapport à l’année précédente.
Le secteur du bâtiment est également en difficulté, touché par la crise du logement. Selon Sophie Heurley, greffière associée au tribunal de commerce de Narbonne et membre du Bureau du CNGTC, “le problème est imminent”. Elle souligne une baisse des mises en chantier de bâtiments neufs, une hausse du prix des matériaux, peu de demandes de rénovation et des prêts de plus en plus difficiles à obtenir en raison de l’augmentation des taux d’intérêt. Tous les acteurs de ce secteur sont impactés.
La filière française du hors-site se structure pour construire le bâtiment de demain
Des raisons liées à la conjoncture
Certains commerces et services de proximité subissent également le contexte morose actuel. C’est le cas notamment des boulangeries-pâtisseries ainsi que des salons de coiffure qui souffrent des hausses de coûts et de la baisse de la demande.
Selon Sophie Heurley, les procédures collectives sont désormais principalement liées à la conjoncture économique, contrairement à une époque où elles étaient déclenchées par des décès, des divorces ou des dettes importantes.
Les commerces sont également affectés par les prix élevés de l’énergie et des matières premières. De plus, le remboursement des prêts garantis par l’État (PGE) ajoute une pression financière. Cependant, pour l’instant, la situation reste gérable pour la plupart des entreprises, avec seulement 4% des PGE rencontrant des difficultés de remboursement, selon la Fédération bancaire française (FBF).
Selon Sophie Heurley, un autre facteur explique l’augmentation des procédures collectives : la reprise du paiement des cotisations sociales. Pendant la crise sanitaire, les entreprises ont pu reporter ces charges, mais avec la reprise des paiements, certaines ont dû être placées en redressement voire en liquidation judiciaire. La peur du risque entraîne une diminution des investissements, comme en témoigne la baisse de 2,5% du nombre de créations d’entreprises au troisième trimestre.
Près de deux tiers des entreprises inquiètes pour l’hiver
Selon Sophie Heurley, la vague des procédures collectives ne va pas s’arrêter maintenant, car on assiste encore à une purge des structures les plus faibles. Certaines entreprises doivent encore déposer le bilan mais ne l’ont pas encore fait. La greffière souligne que la purge des entreprises fragiles a déjà eu lieu pendant la période de la Covid, bien qu’il en reste encore quelques-unes.
La reprise du cours normal de l’économie, maintenue sous perfusion depuis quelque temps
Cependant, l’augmentation des liquidations judiciaires reste moins importante par rapport au deuxième trimestre, qui avait connu une hausse de 36% de ces procédures. Certains secteurs, tels que le transport et l’entreposage, sont également moins touchés, avec une augmentation limitée à 13% des ouvertures de procédures.
Selon Sophie Heurley, cette vague de procédures collectives indique la reprise du cours normal de l’économie, qui était maintenue sous perfusion depuis un certain temps.
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2 comments
Il est important de surveiller de près les secteurs les plus touchés par la crise économique et géopolitique pour adapter les procédures collectives en conséquence.
Les procédures collectives sont un outil essentiel pour gérer les défaillances d’entreprises dans des conditions économiques et géopolitiques difficiles.