Les fabricants de protections menstruelles sont sous le feu des projecteurs suite à une étude révolutionnaire publiée dans la revue scientifique BMJ Sexual & Reproductive Health. Pour la première fois, des chercheurs de l’Oregon ont analysé la capacité d’absorption des protections menstruelles avec du vrai sang. Cette avancée historique a suscité de nombreuses réactions et a mis les grands fabricants dans une position délicate.
Lors de nos appels, de nombreux interlocuteurs ont évité de répondre à la question cruciale : testent-ils leurs produits avec du sang ? Les réponses étaient souvent des renvois vers d’autres organismes ou des invitations à consulter des régulations. Une intervenante a même avoué ne pas pouvoir trouver quelqu’un pour répondre à notre question. Cette situation a suscité une stupeur générale.
La première serviette hygiénique jetable a été commercialisée il y a plus de cent ans, mais jamais personne n’avait pensé à les tester avec du sang. Après quelques semaines de tumulte, les grands acteurs du secteur ont finalement répondu par le biais d’un communiqué commun. Ils ont admis que le test d’absorption utilisé depuis plus de trente ans évalue la capacité d’absorption des tampons avec une solution saline contenant un agent colorant, un liquide bien plus proche des larmes que du sang menstruel.
En 2018, la marque Nana a été la première à représenter le sang dans ses publicités avec un liquide rouge, brisant ainsi un tabou. Cependant, en coulisses, les tests continuent d’être effectués avec de l’eau salée. Le Code de bonnes pratiques européen Edana, cité dans le communiqué des marques, recommande la méthode Syngina qui utilise de l’eau salée et un colorant pour mieux observer l’absorption. L’Anses, dans son étude sur les produits de protection intime, utilise également ce liquide. Cette pratique est également répandue à l’étranger, que ce soit en Australie avec le principal groupe de défense des consommateurs, Choice, ou aux États-Unis avec la FDA.
Il est pourtant crucial de tester ces produits avec du sang, car le sang et l’eau ne sont pas absorbés de la même manière. Cette étude remet en question les méthodes de test actuelles et soulève des interrogations sur la transparence des fabricants de protections menstruelles. Il est temps de revoir ces pratiques et de garantir la sécurité et l’efficacité de ces produits essentiels pour des millions de femmes à travers le monde.
Les performances des protections menstruelles remises en question
Une étude révèle un écart entre les capacités d’absorption déclarées et la réalité
Une récente étude menée par des chercheurs de l’Université de l’Oregon remet en question les performances des protections menstruelles. Les résultats montrent un écart significatif entre les capacités d’absorption annoncées par les fabricants et celles réellement observées. Selon Bethany Samuelson Bannow, auteure principale de l’étude, la majorité des produits testés absorbent en réalité plus de sang que de solution saline, tandis que les culottes menstruelles en absorbent moins. Cette constatation remet en cause les affirmations des fabricants quant à la capacité d’absorption de leurs produits.
Une méthode d’évaluation controversée
Les tests d’absorption sont généralement réalisés avec de l’eau salée, mais les fabricants affirment également se baser sur des essais utilisateurs pour évaluer les performances globales de leurs produits. Cependant, cette méthode est critiquée par certains experts. Wye Morter, cofondatrice d’une marque de culottes menstruelles, explique qu’ils utilisent du sang menstruel pour tester leurs produits, mais qu’ils utilisent de l’eau pour mesurer précisément les capacités d’absorption. Elle ajoute également utiliser des liquides sucrés pour rendre le liquide plus visqueux. Cependant, Bethany Samuelson Bannow souligne que l’eau sucrée n’est pas aussi pertinente que le sang ou les cellules sanguines pour évaluer les performances des protections menstruelles.
Le manque de recherche sur le sang menstruel
Un marché en plein essor, mais peu d’études
Le marché des protections menstruelles pèse des milliards d’euros à l’échelle mondiale, mais les recherches sur le sang menstruel restent rares. Selon une étude de l’Université de Stanford, seules 400 études ont été publiées sur le sujet depuis 1941, contre environ 10 000 pour la dysfonction érectile. Ce manque de recherche est préoccupant, car il y a un besoin urgent de mieux comprendre le sang menstruel et ses effets sur la santé des femmes.
Un manque de recherche médicale et sportive sur les femmes
Juliana Antero, chercheuse épidémiologiste à l’Institut national du sport de l’expertise et de la performance, souligne le manque de recherche médicale et sportive sur les femmes. Dans le domaine du sport, seulement 9% des études se concentrent exclusivement sur les athlètes féminines, tandis que 71% se concentrent exclusivement sur les athlètes masculins. Cette disparité de recherche limite notre compréhension des effets du cycle menstruel sur les performances sportives des femmes. De plus, de nombreuses études médicales se basent principalement sur des hommes, ce qui néglige les variations du corps féminin.
Il est donc essentiel de combler ce manque de recherche et de mieux comprendre le sang menstruel et ses implications pour la santé des femmes. Cela permettra de développer des produits plus performants et adaptés aux besoins spécifiques des femmes, tout en favorisant une meilleure prise en compte de la santé féminine dans la recherche médicale et sportive.Les fabricants de protections périodiques ont longtemps utilisé une solution saline “facile à utiliser” comme référence standardisée. Cela permet à chaque acteur de l’industrie de reproduire les tests de manière cohérente. Cependant, cette approche repose sur l’homme en tant que référence scientifique, industrielle et sociétale.
Il a fallu attendre 2022 pour qu’un mannequin féminin soit créé afin de tester la sécurité des véhicules en cas d’accident. Cette absence de représentation féminine se retrouve également dans la prévention des crises cardiaques, où les symptômes masculins sont souvent pris en compte, entraînant une mortalité plus élevée chez les femmes en cas d’infarctus du myocarde. Malheureusement, cette omission se retrouve même dans des produits qui concernent principalement les femmes, tels que les protections hygiéniques.
Du domaine de la sécurité routière à celui de la santé féminine, le sexisme continue de s’infiltrer. Il est temps de remettre en question ces normes standardisées qui excluent les femmes et de prendre en compte leurs besoins spécifiques. La diversité et l’inclusion doivent être au cœur de toutes les industries, afin de garantir une représentation équitable et une sécurité optimale pour tous.
2 comments
“C’est enfin une véritable avancée dans la recherche pour des protections menstruelles plus efficaces et confortables.”
“C’est encourageant de voir que des tests sont menés avec de vrais échantillons de sang pour garantir l’efficacité des protections menstruelles.”