Le plus grand chantier hospitalier d’Europe utilise du béton bas carbone
La construction du nouveau Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Nantes est en cours et promet d’être spectaculaire. Ce chantier de 11 hectares est actuellement le plus vaste en Europe, selon Vinci, le constructeur. Mais ce qui le distingue vraiment, c’est l’utilisation exclusive de béton bas carbone. En effet, sur les 120 000 tonnes prévues pour la livraison du bâtiment en 2026, 60 000 tonnes de béton bas carbone ont déjà été coulées.
À première vue, ce béton ne semble pas différent d’un béton classique fabriqué avec du ciment, qui est responsable de 7% des émissions mondiales de CO2, soit plus que l’aviation, selon un rapport récent de l’ONU Environnement. Cependant, une fois sec, les murs de l’hôpital prennent des teintes subtilement différentes en fonction du liant utilisé pour remplacer le ciment polluant : gris métallisé ou légèrement rosé.
Le béton gris est fabriqué à partir d’un déchet de la production d’acier appelé laitier, qui remplace le clinker, l’élément de base du ciment classique. La fabrication du clinker nécessite une cuisson à 1 400°C, ce qui consomme beaucoup d’énergie et génère d’importantes émissions de CO2.
Au moins 30% d’émissions en moins
Fourni par le groupe irlandais Ecocem, le laitier permet de produire un ciment et un béton “ultra-bas-carbone”, selon Vinci, avec des émissions estimées à 70% inférieures à celles d’un béton classique. Cependant, la sidérurgie, qui produit le laitier, est également à la recherche de moyens de réduire ses émissions de carbone, ce qui pourrait entraîner une raréfaction de ce matériau dans les années à venir.
Pour anticiper cette situation, Vinci a cherché un autre liant minéral : du kaolin broyé et calciné à 700°C, fourni par la société Imerys. Ce liant produit un béton légèrement rosé. Après deux ans de recherche en laboratoire, le “métakaolin” a été développé. Sa fabrication émet 240 kg de CO2 par tonne produite, contre 650 kg pour un ciment classique, soit une réduction de 40% des émissions de CO2. Bien que moins performant que le laitier, le métakaolin est plus facile à trouver.
“L’utilisation du béton a trop augmenté dans le monde”
“L’utilisation du béton aura toujours des émissions de carbone”, explique Remy Lefeuvre, directeur des ressources techniques et opérationnelles de Vinci Construction. “Nous ne parvenons pas encore à réduire les émissions de CO2 de 100% aujourd’hui”. Pourtant, cet objectif est crucial pour le climat. Selon l’ONU Environnement, l’utilisation du béton a été multipliée par 65 dans le monde au cours des 65 dernières années. Dans le même temps, l’utilisation de l’acier a triplé, tandis que celle du bois est restée stagnante dans la construction.
Vinci ne donne pas d’objectif précis de réduction des émissions de CO2 pour le nouvel hôpital, mais Remy Lefeuvre affirme qu’il y aura au moins une réduction de 30% par rapport à un béton normal. Les chiffres précis seront calculés à la fin du chantier. En effet, la réduction des émissions ne dépend pas seulement des matériaux utilisés, mais aussi des conditions météorologiques. Par exemple, si la température est trop basse, les moules en métal dans lesquels les murs sont coulés doivent être chauffés, ce qui augmente les émissions liées à l’énergie utilisée. Jusqu’à présent, aucun chauffage n’a été nécessaire depuis le début du chantier en mars 2022.
Vinci explore également d’autres matériaux, tels que le bois, pour développer des alternatives au béton. En ce qui concerne le béton, le constructeur étudie également d’autres recettes de liant, en réutilisant des déchets industriels, notamment des résidus de l’industrie du silicium.
Ce chantier du CHU de Nantes est un exemple concret des efforts déployés pour réduire les émissions de CO2 dans le secteur de la construction. En utilisant du béton bas carbone, Vinci montre qu’il est possible de construire des bâtiments durables et respectueux de l’environnement.
1 comment
C’est une excellente initiative pour la lutte contre le changement climatique !