S16 ans, c’est souvent l’âge où l’on commence à rêver de se lancer tout seul, d’essayer quelque chose d’un peu dangereux, même si l’on veut quand même savoir que ses parents sont là pour nous en cas de chute. C’est l’appel de Véritable Esprit, un film basé sur les aventures réelles de Jessica Watson, qui à 16 ans est devenue la plus jeune personne à faire le tour du monde en solitaire. Réalisé par la cinéaste australienne Sarah Spillane, l’image est agréablement venteuse, bien qu’elle ait sa part de moments tendus impliquant des vagues meurtrières et un ciel orageux aux tons de charbon de bois. C’est surtout un hymne à l’indépendance et à l’audace des adolescentes, l’histoire d’une jeune femme qui a jeté son dévolu sur un rêve alors qu’elle était encore enfant et qui l’a concrétisé quelques années plus tard. Tous les adolescents ne pouvaient pas y parvenir : il s’agit d’une histoire sur le fait de croire aux possibilités plutôt que d’être contraint par des limites, et sur le respect de la nature tout en se délectant de sa gloire sauvage et imprévisible.
Jessica – interprétée comme une jeune enfant par Alyla Browne et comme une adolescente par l’actrice capable Teagan Croft – a toujours vécu au bord de l’eau ou sur l’eau et a toujours aimé la voile. Elle est peut-être aux prises avec la dyslexie, mais elle comprend la mer et son pouvoir. Elle est particulièrement captivée par l’histoire de l’adolescent marin Jesse Martin, qui est devenu en 1999 le plus jeune marin à traverser le monde en solitaire. Il avait 18 ans; elle veut battre son record. Elle économise ses sous pour un bateau, le Pink Lady.
Croft, comme Watson, face à une mer menaçante
Julian Panetta/Netflix
Lire d’autres avis de Stéphanie Zacharek
La plupart de ce décor est étoffé dans des scènes de flashback: le film s’ouvre en 2009, alors que Jessica, 16 ans, tente un essai en solo avant sa grande aventure. Elle a un conseiller, Ben Bryant (Cliff Curtis), un as marin qui a depuis longtemps renoncé à ses propres rêves, mais qui a accepté d’aider Jessica à réaliser les siens. Ses parents (joués par Anna Paquin et Josh Lawson), l’ont également encouragée tout au long, même si les médias les reprochent d’avoir permis à une mineure de se lancer dans une aventure qui pourrait mettre sa vie en danger.
Et la course d’essai, il s’avère, est un quasi-désastre : Jessica semble tellement excitée à l’idée d’être seule sur la mer – nous la voyons danser autour de la minuscule cabine dans une rêverie de pop star, chantant dans sa brosse à dents – qu’elle oublie de régler une alarme importante et finit par être balayée par un cargo. Elle parvient à regagner le rivage, mais son bateau est gravement endommagé. Et les journalistes l’attendent, se réjouissant pratiquement de son échec : le plus suffisant d’entre eux est un mec coincé dans un petit costume (Todd Lasance), qui est convaincu que Jessica n’a pas ce qu’il faut pour réussir le grand exploit. elle s’est assignée.
En savoir plus: Les 49 films les plus attendus de 2023
Eh bien, elle va lui montrer ! Et elle le fait, 210 jours plus tard, des jours de nuages gonflés glorieux et de joie sans entraves, mais aussi d’étirements sans vent inquiétants et de ciels rouges en colère. À un moment donné, Jessica jette un coup d’œil par la fenêtre de sa cabine et récite la vieille maxime : “Rouge la nuit, le plaisir du marin, rouge le matin, l’avertissement du marin”, et mon garçon, cela s’avère-t-il approprié : la tempête qui s’ensuit est un doozy, ses vagues secouent son petit vaisseau comme un chat griffonne une souris jouet. Jessica fait tout correctement, abaissant les voiles, libérant la drogue (un dispositif semblable à un parachute conçu pour stabiliser le bateau) et s’attachant pour la sécurité – et pourtant, il y a des dangers dont elle ne peut pas tenir compte. Le film chevauche cette imprévisibilité comme une planche de surf.
Parce qu’il s’agit d’une histoire vraie, enregistrée par la personne qui l’a vécue, nous savons comment elle se termine. Mais cela ne rend pas les menaces auxquelles est confronté un adolescent seul en mer moins perfides. Véritable Esprit traite également de manière réaliste les points faibles de Jessica. Elle tient un blog pour enregistrer son expérience et, à un moment donné, avoue sa solitude en larmes : le passé de frères et sœurs qu’elle a laissés à la maison lui manque, et il y a des jours où elle se demande pourquoi elle s’est autant investie dans cette entreprise risquée. Mais la plupart du temps, elle savoure les petites expériences qui viennent enveloppées dans ce grand, cuisiner ses propres repas sur un petit brûleur ou aller au-dessus du pont pour se raser les jambes au soleil. Véritable Esprit rend la liberté en haute mer amusante, loin de regarder un écran dans votre chambre, en attendant que votre vie commence.
Plus de lectures incontournables de TIME
